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1 août 2009 6 01 /08 /août /2009 12:26

Sujet  Thèmes du jour :
Re,
"L'alcool sert-il à soigner la souffrance du moment?"
 


Compte rendu :

Nous recevons aujourd’hui deux élèves en économie sociale dont une, fait un mémoire pour octobre sur les répercussions entre les malades alcooliques et l’entourage.

Nous en parlons un peu et elle nous demande de répondre à un questionnaire anonyme sur notre vécu et surtout ce que nous avons ressenti vis-à-vis de notre famille durant notre maladie (presque toujours niée.)

Elle nous pose quelques questions et ensuite avec un peu de retard, qui était salutaire, nous voyons le thème du jour.

J.J. pense que le sujet aurait été plus judicieux de discuter sur l’alcool sert-il à fuir les problèmes du moment.

Claude ter nous dit qu’il a eu des soucis cette semaine avec sa petite famille et pense qu’il n’aurait pas pu y faire face s’il avait été alcoolisé. Il est persuadé que son problème se serait réglé avec une bonne dose d’alcool et il n’aurait pas avancé d’un pas. Ce qui lui fait plaisir c’est qu’il n’a, à aucun moment, pensé à l’alcool. Ca s’est arrangé par la discussion et surtout parce qu’au CALME il a appris « le lâcher prise » et à ne pas faire un monde de futilités, même si elles sont grandes.

J.J. pense comme tous, mais il est le plus rapide à l’exprimer, que l’alcool ne résout rien de nos problèmes, mais il rajoute qu’il a eu tellement de problèmes dans sa vie que l’alcool lui a permis de fuir, et fuir le plus loin possible pour les oublier, mais ils étaient toujours présents.

Marcelle qui vient pour la deuxième fois nous voir et après avoir vu le CCAA se décide à faire une cure au « Calme » dès que possible, elle nous dit aussi que étant à Nice pour voir sa mère hospitalisée, la souffrance était telle qu’elle à consommé beaucoup pendant les  premiers jours mais elle s’est arrêtée de boire depuis cinq jours pours pouvoir assumer. Elle nous dit que le stress, la fatigue et la souffrance se diluaient dans l’alcool et qu’enfin elle pouvait dormir.

Abdel pense que chaque fois qu’il a consommé, et il a eu de nombreuses rechutes, c’était pour atténuer ses souffrances et pouvoir assumer un passé douloureux.

Papy à quitté l’alcool il y a cinq ans, il se trouve dans une période délicate parce que le syndic de son immeuble veut lui faire payer 4000 Euros dont il est sûr qu’il est dans son droit de ne pas payer. Malgré les menaces, il devient agressif, ce qu’il n’aurait pu faire sous emprise alcoolique  et va voir le conciliateur de la république, a pris contact avec des associations de consommateur, il prend rendez vous avec Mr Estrosi, plus rien ne l’arrête. Pour lui il a un chalenge à mener et surtout sans alcool. C’est un Baroud d’honneur qu’il veut gagner.

Gérard nous dit que l’alcool n’avait rien à voir avec son métier, mais les conséquences étaient quand même là. Ses collègues de travail, sympa avec lui, lui ont dit qu’effectivement ils s’étaient aperçu que de temps en temps il avait un coup dans l’aile mais que ça ne se voyait pas. La psychothérapie de groupe au CALME lui a fait un bien énorme parce qu’enfin il a pu mettre un doigt sur son mal être. Il ne supportait plus l’école mais, heureusement pour lui l’âge de la retraite est arrivé, mais ce n’est pas ce qui le faisait boire.

Il y a beaucoup de personnes qui ont eu des problèmes  mais tous ne sont pas devenus alcooliques. Cependant certains (10 % de la population adulte) ont trouvé un excellent médicament (au départ) appelé « alcool » qui permettait d’oublier, de dormir de se sentir mieux, excellent psychotrope, calmant, somnifère qui se trouve à tous les coins de rue et pas cher. Pas besoin de voir un médecin pour se le procurer et le piège se referme au moment où la dépendance arrive.

Comment vient la dépendance ?

C’est la biochimie du cerveau. Le cerveau après quelques années de consommation d’alcool excite un « laboratoire » qui secrète de la THP (Tetra Hydro Papaveroline), c’est un produit morphinique (principe actif de l’opium) et cette morphine remplace les endorphines qui régulent le bien être et le mal être dans le circuit de la récompense du cerveau. Plus il y a d’endorphines via l’alcool moins il y a d’endorphines naturelles et pour rééquilibrer le système, cerveau a besoin de plus de  THP (via l’alcool). Dès qu’il y a manque d’endorphine, le cerveau commande pour avoir de la morphine donc de boire. S’il n’y a pas apport de ce produit le mal-être intense s’installe. Il faut savoir que ce « laboratoire »  qui n’est pas une région spécifique du cerveau reste en mémoire tout le reste de notre vie et qu’une toute petite quantité d’alcool qui arrive au cerveau remet en route ce labo qui diminue petit à petit la production d’endorphines naturelles, entraîne la rechute à 99.9% des cas. C’est pourquoi L’ABSTINENCE DOIT ETRE TOTALE ET DEFINITIVE.

Marcelle nous dit qu’elle ne boit pas comme tout le monde, elle peut s’arrêter huit jours mais ne peut pas quitter une table tant qu’il y a de l’alcool dessus.

Nous lui expliquons que l’alcoolisme est une perte de liberté de pouvoir s’abstenir d’alcool, qu’il y a toutes les formes d’alcoolisme mais quand on est pris dans l’engrenage, il n’y a que les soins pour pouvoir s’en sortir.

J.J. conclut en lui disant, « tu verras quand tu sortiras du CALME, tu te sentiras libre et cent fois mieux que maintenant. TU seras une autre Femme. »

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25 juillet 2009 6 25 /07 /juillet /2009 11:47

Sujet  Thèmes du jour :
"L'alcool sert-il à soigner la souffrance du moment?"
 


Compte rendu :
Le thème prévu n’a pas été abordé cette semaine mais il le sera certainement la semaine prochaine.

Les vacances font que nous n’étions pas suffisamment nombreux pour débattre du thème afin qu’un plus grand nombre puisse profiter de notre réflexion collective.

Nous avons aussi eu le plaisir de revoir Madeleine que nous n’avions pas vu depuis quelques mois. Plusieurs étaient allées la voir à l’hôpital suite à une double fracture ouverte de la cheville avec une infection nosocomiale à la clé qui a suivi (staphylocoque doré). Elle est encore en cours de rééducation et commence à en avoir marre.

Elle a eu une légère rechute depuis son accident et maintenant, aujourd’hui même, elle est retournée voir le CCAA qui l’a suivie depuis plusieurs mois mais qu’elle avait abandonnée durant son hospitalisation. Elle continue à vouloir s’occuper des autres et s’oublie-elle-même. Très bonne discussion autour de son cas et de ses aspirations.

Nous recevons également une nouvelle. Marcelle vient d’Issy les Moulinaux. Elle sait et admet qu’elle est malade alcoolique mais ne voudrait surtout pas arrêter l’alcool. Elle aime faire la fête et tout son entourage aussi et elle ne peut accepter d’être à alcool zéro alors que ses, soi-disant, amis continuent à boire jusqu’à l’ivresse, avec elle bien entendu. Elle peut commencer la fête à 21 h et la continuer jusqu’à 10 heures le lendemain matin. Elle est mal mais ne peut l’admettre. Elle est à Nice pour quinze jours et elle a pris contact avec le CCAA et est venue nous rencontrer à SANSAS, il faut croire qu’elle se sent au bout du rouleau.

Nous lui conseillons surtout de bien parler avec le médecin du CCAA et surtout de prendre les coordonnées des CCAA dans sa région afin de continuer une thérapie. Nous lui conseillons également de rencontrer des mouvements d’anciens buveurs afin de connaître toutes les arcanes de la maladie.

Nous lui expliquons les différentes sortes pour se soigner : ambulatoire, hospitalier ou centre de cure spécialisé. Elle pose des questions et nous lui expliquons nos expériences sans lui cacher la difficulté de l’arrêt de l’alcool.

Elle voit un médecin du CCAA mardi et mercredi elle devrait pouvoir venir nous voir à SANSAS mercredi pour que nous puissions la mettre sur une voie que nous espérons royale.

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25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 15:10

Sujet  Thèmes du jour :

"Comment passe-t-on de l’abus à la dépendance?"

Compte rendu
Aujourd'hui Louis nous revient d'un séjour à Val Pyrène (à côté de Font Romeu) où il a passé 6 semaines en post cure. Nous sommes tous intéressés de savoir comment se passe le séjour.

Il y a 60 patients (hommes et femmes), leur moyenne d'âge est de l'ordre de 38 à 45 ans. Il n'y a pas de psychotrope distribué dans l'établissement. Il y a obligation à l'abstinence totale d'alcool, avec des contrôles inopinés de jour comme de nuit avec éthylotest. Ils contrôlent également la prise de cannabis par des analyses d'urine.

Louis nous rapporte que les soignants leur disent que, pour guérir il faut deux ou trois ans, Louis pense qu'après cette période il pourra reboire de temps en temps un verre sans redevenir dépendant. Nous l'en dissuadons et lui expliquons pourquoi il ne pourra pas reboire d'alcool. Nous pensons que l'interprétation des patients est toujours difficile sur les explications des soignants, le terme de « guérison » étant souvent mal interprété par les patients qui sont encore sous le coup de désir d'alcool dans leur tête. Cela les arrange de croire qu'ils pourraient reboire d'ici quelques années.

La terme « guérison » veut dire que, en deux ou trois ans, le malade alcoolique aura cassé la bouteille dans sa tête, qu'il devient solide et pourra être serein devant les produits alcool.

Abdel se trouve abstinent maintenant et c'est parce qu'il s'est cassé une côte lors de sa dernière rechute.

J.J. explique à Louis qu'il faut qu'il accepte son abstinence et que dans deux ou trois ans il ne pensera plus à un désir d'alcool.

Louis nous explique les activités à Val Pyrène. Il y a beaucoup d'activités physiques : randonnées, escalade, gymnastique, musculation, volley ball, piscine, marche en raquette et des randos avec pique nique toute la journée. Le ski a été arrêté parce qu'il y avait trop d'accident avec fracture, traumatismes divers. Il a été pratiqué un Electro cardiogramme d'effort ainsi qu'un contrôle pulmonaire avant de faire ces activités.

Il y a également de la psychothérapie de groupe ou individuelle, de la relaxation, du yoga.

Les chambres sont soit à deux soit individuelles mais il faut payer un supplément pour la chambre individuelle.

Les sorties sont autorisées, après contrôle et signalement à l'accueil en précisant heure de départ et heure de retour. Les contrôles ensuite sont fréquents.

Les soignants conseillent, à la fin du séjour, de rencontrer les mouvements d'anciens buveurs à la sortie de post cure.

Puis nous en venons au thème du jour.

Cédrick nous dit qu'au commencement il buvait qu'occasionnellement, très vite il est passé à l'abus dès sa consommation journalière, mais il ne voit pas comment il est passé à la dépendance, mais quand il s'est aperçu qu'il était dépendant il a fuit les Yvelines et est venu à Nice pour se soigner. Sa décision était prise dès son départ de la région parisienne.

J.J. n'a jamais eu d'alcoolisation modérée, dès le début et très jeune il est devenu dépendant, il buvait alors 2 litres de vin, et une quinzaine de bières, sans compter les extras. Il s'est rendu compte tout de suite qu'il était mal, il n'y a pas eu abus suivi de dépendance, mais dépendance immédiate.

Après une cure et sa première rechute, il s'est aperçu qu'il ne pouvait pas maîtriser sa prise d'alcool car il avait dit des dizaines de fois « non » et un jour ça a été plus fort que lui, il a dit « oui ».

Il a pris l'Espéral pendant des années pour s'empêcher de boire. Il pense que c'est ce qui lui permet de pouvoir vivre maintenant.

Papy à dix sept ans il avait déjà acheté une bouteille de Porto et se l'était vidé vite fait.

Abdel, quand il était au Maroc avec ses parents, a vendu le marteau de son père afin de s'acheter de la bière. Il avait alors 14 ans.

J.J. à vingt ans, il buvait déjà avec excès, malgré les conséquences qu'il connaissait, il buvait, buvait encore et toujours, il n'y avait que lui qui décidait.

Papy a commencé à 17 ans à boire, il buvait de l'alcool fort dès 20 ans : cognac, whiskies, Pastis etc..

J.J. nous dit que dès le début il buvait très rapidement, il buvait trois bières pendant que ses copains en buvait une.

Jean demande s'il y a des études faites pour savoir quelle quantité et pendant combien de temps il faut boire pour devenir dépendant ?

La réponse unanime est de dire qu'il n'y a pas de quantité, ni de temps pour devenir dépendant, cela dépend des personnes, de leur sensibilité à l'alcool. La rencontre entre un individu et l'alcool, à un moment donné.

Louis a appris à boire à l'armée, pour les fêtes. Cela faisait partie de sa vie. Il y avait des moments où il buvait et pouvait bien se tenir d'autres moins mais en général ça allait. Ayant beaucoup voyagé à l'étranger, il buvait pas mal en fonction de l'ambiance générale. Il ne se sentait pas malade. Sa consommation faisait partie de sa vie. Sur les bateaux on boit beaucoup parce qu'il n'y a que cela à faire, il faisait comme tout le monde et buvait comme tout le monde. Il n'y a que depuis quelques années en arrière qu'il s'est mis à boire le matin, c'est parce qu'il était devenu dépendant, mais il ne la savait pas.

Abdel s'est mis à trembler le matin et il fallait qu'il boive pour atténuer et arrêter ces tremblements.

Claudebis buvait doucement la journée et c'est en arrivant à Annecy qu'il a augmenté sa consommation. Mais déjà en Normandie il s'était aperçu que les tournevis tenaient mal dans sa main et qu'avec un calva ou deux ce comportement disparaissait.

En arrivant à la Turbie, il a repris sa consommation qu'il avait en Normandie et il nous raconte comment il faisait pour se procurer à Monaco un litre de Rhum, 50°, 50 francs (c'était des francs à l'époque).

C'est quand il a été victime d'une crise de polynévrite qu'il a compris qu'il fallait qu'il fasse quelque chose pour s'arrêter, il a alors pris contact avec le centre de cure de St Christophe à Nice afin de se soigner.

Catherine, à 35 ans, s'est retrouvé dépendante dès qu'elle à commencé à boire. Elle s'est   rendu compte de sa dépendance quand elle est allée en cure aux Bruyères, contrainte et forcée et cela n'a pas réussi. C'est en cure ambulatoire qu'elle a réussi à s'en sortir, mais cela a duré dix huit mois en hôpital de jour.

Elle s'enfermait dans sa chambre pour consommer parce qu'elle culpabilisait beaucoup.

J.J. a pris l'Espéral suite à sa première cure à vingt trois ans, il est resté abstinent totalement pendant cinq ans, il n'était donc pas dépendant à ce moment là mais, à 27 ans, il s'est rendu compte qu'il était dépendant parce que ayant arrêté l'Espéral, il a rechuté immédiatement, mais a-t-il arrêté l'Espéral pour reboire ? Pendant cette période de 5 ans il était devenu dépendant de l'Espéral. Et chaque fois qu'il a du s'arrêter il a repris de l'Espéral, mais bien lui en a pris parce que, il pense que, tel que s'était parti, il ne serait plus en vie aujourd'hui et serait probablement mort d'une cirrhose depuis plusieurs années.

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8 novembre 2008 6 08 /11 /novembre /2008 08:38

Sujet  Thèmes du jour :
"L’envie de reboire de quelques jours à quelques années"

Compte rendu 
Nous accueillons d'abord Christine qui doit enregistrer un témoignage pour l'émission de vendredi 14 novembre à 16h30 sur France 3 « @ la carte », elle espère que sa fille sera d'accord pour participer à l'enregistrement. A voir sur www.France3.fr, Programme et ensuite @ la carte.
Gilles est également présent, il a fait un sevrage hospitalier et dès sa sortie il a recommencé à boire. Vendredi, il a craqué, parce qu'il n'était pas motivé pour s'arrêter. Samedi il a bu énormément et est devenu même violent.
Kati est également présente avec Gilles, mais elle ne connaît pas la différence entre alcoolisme et alcoolisation : petite explication mais elle ne semble pas trop intéressée par notre réunion.
Abdel est là aussi, alcoolisé, mais gène certaines personnes qui ont arrêté l'alcool depuis peu, quand il sort de la réunion pour aller boire une bière, et le dit.
J.J. qui s'est beaucoup investi dans la démarche de Gilles, s'énerve un peu auprès de Gilles et lui dit un peu ce qu'il pense de sa fausse motivation pour se soigner. A juste titre.
Abdel s'offusque des paroles de J.J. parce qu'il se sent visé alors que J.J. n'avait aucune intension de s'adresser à lui. Il se sent vexé. C'est qu'il est concerné de la même façon que Gilles, ses motivations ne sont pas nettes : il pense que quand il est abstinent à partir de 20 heures il ne marche plus droit et c'est pourquoi, il s'alcoolise. L'alcool nous enlève le peu de désir ou de volonté pour s'arrêter.
Chantal prend la parole pour dire qu'il faut que ceux qui sont alcoolisés doivent entendre le message de ceux qui sont soignés.
Papy a eu le désir de s'arrêter de boire et après quand il s'est aperçu du coût de son alcoolisation, il s'est senti tout heureux d'avoir fait son sevrage mais comme Christian, il pense que si l'on n'est pas motivé, ce n'est pas la peine de faire une cure car cela coute cher à la Société.
J.J. pense qu'il n'est pas possible de s'arrêter seul. Il sait qu'il est à la merci d'une rechute mais pense qu'en venant régulièrement à l'association, il limite ce risque.
Laurent est en attente pour partir à Val Pyrène mais il semble qu'il y ait un temps d'attente de deux à trois mois. Il est vrai qu'une poste cure à la montagne est très demandée à cette période de l'année. Mais il sait qu'il est à la merci d'une rechute car sa situation est très précaire.
Christine, notre future actrice improvisée, nous dit qu'elle se sent mieux quand elle vient à la réunion, mais, actuellement elle ne vient pas souvent, peut-être que cet enregistrement lui permettra de faire un pas en avant. En cure, on se pose des questions et c'est ce qui est arrivé à Christine, elle n'avait pas de réponse et elle pense que c'est ce manque de réponse qui l'ont fait rechuter. Nous pensons plutôt qu'elle n'était pas prête et que plutôt que de s'occuper d'elle, elle préférait s'occuper du problème des autres. Claude bis lui dit qu'il ne faut pas se poser de questions, il faut apprendre à faire des efforts, mais il ne faut surtout pas oublier le temps de son alcoolisation.
Nous avons bien entamé le thème du jour mais allons essayer de mieux comprendre ces envies d'alcool qui se produisent surtout dans les premiers mois.
Quand la rechute est immédiate après la sortie de cure, c'est le cas de Claude bis qui allait en cure non pas sur son désir mais celui de sa mère. A Blétrant, il n'attendait que le jour de la sortie pour reconsommer, ce qu'il a fait avant de reprendre le train. Au Mont Blanc, au bout de quelques jours, il pouvait s'alcooliser sans que le service de surveillance s'en aperçoive parce qu'il consommait juste la quantité nécessaire pour être clean à 18 heure au moment de souffler dans le ballon. A l'Hôpital Psy d'Annecy, il avait trouvé des complices pour l'alimenter en alcool, il n'y a donc pas eu de rechute mais continuation de l'alcoolisation. L'associatif a été le seul endroit où il a pu retrouver la sérénité sans alcool et sa joie de vivre, alors que son entourage immédiat ne lui facilitait pas la tâche puisqu'en sortant de cure, ils voulaient arroser sa guérison au Champagne. Mais il avait compris, cela fait neuf ans.
Christian, au bout de 1 mois et demi, il se sentait bien, alors il a essayé de reprendre un verre dans le désir de n'en boire qu'un par jour : une semaine après il en était au tonneau. Après un sevrage, c'est tellement bon de reboire un coup. Après coup il dit qu'il faut trouver une motivation et cela prend beaucoup de mois et d'énergie. S'il y a rechute c'est qu'il y a envie de boire.
Laurent bis, qui est sorti de cure il y a quinze jours, a fait une rechute après sa sortie de cure du Relais. Quelques jours après sa sortie, il a voulu reboire parce qu'il pensait qu'il était plus fort que l'alcool et que ce qui lui avait été dit en cure était certainement vrai pour les autres mais pas pour lui. Il avait déjà un doute avant de sortir de cure : abstinence totale, non pas pour lui. Il buvait en cachette mais pensait qu'il n'était pas alcoolique comme le père de son épouse. Mais l'alcool est plus fort que l'Amour. Il pensait qu'il pouvait prendre une bouteille car ce n'était pas possible, pour lui, de ne pas boire. Ces jours ci, chez un collègue qui a bu devant lui, il a eu un flash important de désir d'alcool, mais il a su le maîtriser par une Soma d'urgence. Cela fait dix huit mois qu'il n'avait pas travaillé, à cause de l'alcool, il a repris en mi temps thérapeutique, et l'idée de reboire est revenu parce qu'il n'arrivait pas à dormir.
Je ne peux pas prendre conscience que je peux reboire grâce à l'association et j'ai des chances de ne pas rechuter car ça me permet de ne pas oublier que j'ai été malade.
La technique des exercices psychosomatiques durant la cure (Soma) permet de se protéger au quotidien pour éviter le stress.
L'envie dure quelques minutes, il est nécessaire de faire quelque chose durant cette petite période pour l'oublier.
Claude rappelle que les rechutes au bout de dix mois sont courantes, car les personnes abstinentes commencent à se poser des questions : « étais-je vraiment malade quand je suis rentré en cure ? J'ai arrêté facilement au début de cure, si je reprends un verre, je m'arrêterai facilement, juste un verre ? ». En fonction de la réponse c'est la rechute ou non.
Souvent les rechutes sont préparées inconsciemment, l'envie de reboire, les relations avec les personnes qui boivent beaucoup, le regard envieux vers ceux qui continuent à boire, le retour aux conditions qui menaient à l'alcool avant.
Il faut changer sa vie, nous dit Christine, il faut faire fi du passé, quand il y a des flashes alcool il faut absolument téléphoner à quelqu'un qui peut vous écouter. Sa rechute est due, en plus, à la fréquentation d'une personne qui avait déjà rechuté, elle a suivi peu de temps après. Maintenant elle se prépare psychologiquement à une nouvelle cure, elle remet tout en ordre avant d'aller se soigner, nous trouvons ce temps un peu long, mais c'est elle et elle seule qui décidera quand elle sera prête.
Gérard a eu la même démarche que Laurent bis, ce qu'ils m'ont dit en cure ne s'adresse pas à moi. Mais ensuite il y a eu la culpabilité de la rechute. J'ai pensé qu'ils ne m'avaient pas dit que c'était alcool zéro. C'était plus fort que mois.
Pour les rechutes après plusieurs années, Claude en avait parlé avec un alcoologue connu : Rémy François, qui lui avait dit qu'après quinze ans d'abstinence, s'il y avait rechute ce n'était pas la même maladie que l'initiale. Il voulait dire que durant la psychothérapie, le patient avait ouvert une porte pour trouver sa souffrance initiale et que quinze ans plus tard, une autre porte n'avait pas été ouverte et qu'il fallait trouver d'où provenait cette nouvelle souffrance qui l'entrainait vers la rechute pour atténuer cette nouvelle souffrance.

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25 octobre 2008 6 25 /10 /octobre /2008 12:56

Sujet  Thèmes du jour :
"Comment s’est-on rendu compte qu’on était devenu alcoolique ?"

Compte rendu 
Nous revenons comme à chaque début de réunion sur les soucis ou les joies des uns et des autres.
Abdel malheureusement en est à sa énième rechute depuis onze ans que nous le connaissons, il veut nous faire croire que quand il est abstinent (trois mois cette fois ci) il ne peut plus rien faire à partir de 20 heures donc il faut qu'il reboive pour s'occuper le soir et se sentir mieux.
Papy nous confie qu'après quatre ans, il a toujours peur de l'alcool.
Nous discutons un peu sur les problèmes de Sofia et Rachel. Sofia veut bien faire une cure mais il faut qu'elle se mette d'accord avec son patron. Son copain l'a quitté, il faut qu'elle soulage sa peine pour pouvoir faire une bonne cure.
Puis nous passons au sujet du jour, avec beaucoup de retard suite aux discussions préliminaires.
Cédrick s'est rendu compte qu'il avait un problème d'alcool à partir du moment où il a compris qu'il ne fréquentait plus que les lieux où il pouvait consommer de l'alcool.
Catherine savait qu'elle avait un problème avec l'alcool mais elle ne pouvait s'imaginer qu'elle était dépendante.
Tout le groupe est d'accord (15 personnes) est d'accord pour dire qu'avant de faire une cure, ils ne savaient pas qu'ils étaient dépendants à l'alcool et même que l'alcoolisme était une maladie. Pour tous c'est lors de leur première cure qu'ils ont eu cette révélation, je suis malade parce que je suis dépendant. Mais certains n'y croient pas et c'est pourquoi ils rechutent.
Papy moustache nous dit que lors d'un examen médical son médecin lui a parlé de Gamma GT, mais, lui, a fait comme s'il n'avait pas compris, ce n'est que quand il est allé pour un sevrage à l'hôpital de l'Archet II quand il a vu « GASTRO ENTERRO ALCOOLO » qu'il a compris qu'il était, il ne sait pas trop, quoi. C'est durant les RdV au CCAA après avec les explications qu'il s'est rendu compte qu'il avait été malade et que l'alcool zéro s'imposait.
Cédrick nous dit également qu'il entendu le terme de maladie que quand il a été hospitalisé en cure.
J.J. a fait sa première cure à 22 ans, il est sur qu'il est devenu dépendant en trois mois, mais pour lui ce n'était qu'un problème d'alcool. Son grand Amour l'a quitté alors il a décidé de faire une cure pour la récupérer, il a pris de l'Espéral dès sa première cure. Finalement elle est revenue.
Mais J.J. était un bourreau de travail et il ne voyait plus sa tendre et bien Aimée, qui finalement l'a quitté définitivement.
Mais, il dit que le message d'abstinence à 23 ans est une ineptie parce qu'un jeune de cet âge ne peut imaginer une vie sans alcool alors que les copains boivent tant et plus.
Il se plaint d'un message qu'il a entendu à la radio ces jours ci de la part du professeur Batel qui dit que 20 % des personnes qu'il voit dans son cabinet pourront reboire un jour modérément. Claude pense que ce message fait rechuter au moins dix mille personnes qui avaient accepté leur dépendance mais, puisque le médecin le dit, ils essayent de reboire un coup et c'est la cata parce qu'ils étaient dépendants. Ce message vaut pour des professionnels de l'alcoolisme qui peuvent arriver à faire la différence entre alcoolisation et alcoolisme. Ceux qui pourront reboire modérément sont ceux qui n'étaient pas alcoolo-dépendants mais ceux qui étaient des buveurs excessifs.
Il faut accepter la rechute.
Abdel a du mal à accepter sa rechute car il faut qu'il remette son organisme en état et maintenant à plus de cinquante ans, la machine est plus difficile à réparer. Actuellement il est fatigué le soir c'est pourquoi il reboit, mais il sait qu'a chaque rechute son corps en prend un coup. Il devrait faire du sport dit-il mais il ne peut plus. C'est le chien qui se mord la queue.
Quant à Jill, il vient de faire 180 heures de T.I.G. à Emmaüs, il a fait ces TIG en étant pendant deux semaines à la rue, mais le SPIP lui a trouvé un logement pour quelques temps, actuellement il vit chez une copine, mais il sait que s'il continue à boire, il ne pourra rester chez elle. Pour l'instant, le projet immédiat est un sevrage à l'Archet II. Après il espère une cure au CALME (il était resté 3 ans sans boire après une première cure).
Il parle ensuite de sa dépendance qui est venue durant son passage sous les drapeaux. Il s'est presque arrêté mais il se shootait à l'alcool d'abord un jour sur sept. Il pensait que c'était juste faire la fête. Mais à 24 ans il s'est retrouvé à la rue en alsace, en hiver, Il lui fallait sa dose de schnaps pour se réchauffer tous les soirs. La dépendance était alors très présente.
Gilou pose la question de la dépendance et surtout comment elle vient. Il pense que dès qu'il a un problème il boit pour occulter ce problème, il a du mal à gérer son argent et c'est facile d'en dépenser quand la bouteille de Whisky est si proche. A sa dernière cure il pensait avoir trouvé le pourquoi de cette souffrance, en fait il a certainement ouvert une porte mais a négligé toutes les autres qu'il aurait pu ouvrir. Il a vu dans le regard de sa mère qu'il la faisait souffrir, mais, alcoolisé, il n'a pas de réponse à donner. Il pense que ses parents sont impuissants devant son problème alcoolique et que c'est à lui et lui seul de le résoudre.
Pour Christian le bonheur est contagieux mais le malheur encore beaucoup plus contagieux. Pour se soigner, il faut connaître le produit et pour changer le regard des autres sur nous même, il est nécessaire de changer soi-même.
Il trouve qu'il faut la volonté pour s'en sortir, ce à quoi la réponse n'est pas adéquate, il faut un désir de vivre. Il n'y a pas de miracle, il faut que la décision vienne de soi-même.
Martine a des moments fragiles, le groupe sert à la maintenir dans l'abstinence
Christian faisait parti d'une famille d'alcooliques, il a fait le voyage vers l'alcoolisme en leur compagnie. Ensuite il a beaucoup voyagé et a laissé des traces dans tous les ports du monde. Le principal c'est de se maintenir à flot. Quand dans sa famille il s'occupait d'eux, il était le roi du pétrole. A 20 ans il était déjà alcoolique grave, mais c'était normal d'être alcoolo dans sa famille. A la cuisine où il travaillait c'en était même une référence. Il ne s'est jamais fait virer de son travail à cause de son alcoolisme. Il a fait ses premiers soins à 25 ans, mais il ajoute qu'il y a 20 ans, il n'était pas possible de ne pas boire. C'est lui qui l'affirme.
Martine faisait la fête, et c'est son médecin qui lui a appris qu'elle était probablement dépendante surtout après les résultats de son analyse sanguine. Elle a fait une cure mais elle faisait rentrer de l'alcool pendant le traitement. Mais quand elle est sortie elle était Nickel Chrome, mais le médecin ne lui a pas dit qu'il ne lui fallait plus du tout d'alcool. A Saint Christophe elle n'a pas entendu dans son conscient que c'était alcool zéro, ce n'est qu'au CSST qu'elle a su qu'elle était vraiment dépendante et que la seule solution est alcool zéro. Elle nous fait plaisir en nous disant que l'association l'a beaucoup aidée à comprendre.
Pour Gérard, sa femme est décédée d'une hépatite C liée à un gros problème d'alcool, mais sa femme lui disait qu'il buvait de trop. Finalement il a fait une cure au CALME, il a rechuté rapidement et a repris le chemin de la cure quelques temps après et maintenant après deux ans il va bien dans son corps et dans sa tête. A 22 ans il buvait avec sa femme et il s'est accroché à la bouteille à la naissance de son fils. Il a quand même travaillé pendant des années dans l'enseignement en étant malade alcoolique.
Il a fait l'école normale pour être enseignant et à son époque, il est retraité maintenant, il y avait du vin à table.
J.J. nous parle de prédisposition à la naissance, mais il évite de se lancer dans un débat sur la génétique parce que il pense que la génétique n'a rien à voir avec la prédisposition à la naissance : il parle d'éducation, de prédisposition physique et d'environnement. Nous ne donnons pas l'explication de l'enzyme ALDH qui est entièrement utilisé par le foie alors qu'il devrait s'occuper aussi de l'élimination de la dopamine dans le cerveau.
Nous revenons sur les termes d'alcoolisation et d'alcoolisme que tant de personnes confondent et en particulier les politiques et les médias qui emploient ces termes sans discernement.

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18 octobre 2008 6 18 /10 /octobre /2008 10:50

Sujet  Thèmes du jour :
"Violence et alcool"

(Le sujet prévu ne sera pas traité ce jour.)


"DISCUSSION SUR LES SOINS"

Compte rendu 
Bridget dès le début entend prendre la parole parce qu'elle veut parler de sa maladie et de ses deux garçons, du coup le sujet prévu, puisque celui-ci dure, ne sera pas traité aujourd'hui. Mais n'est-on pas là pour laisser s'exprimer les malades, leur mal être, leurs doutes ? Alors nous laissons couler notre sujet prévu qui sera vu une autre fois.
D'abord Bridget ne comprend pas beaucoup de chose, mais elle est hermétique à nos propos tout en pensant que nous avons raison.
Elle a vu un médecin alcoologue qui lui a prescrit des psychotropes pour se sevrer, au bout de deux jours elle se sentait vaseuse alors elle a arrêté les psychotropes car elle s'était arrêtée spontanément de consommer. Victoire pour elle : c'est facile, pense-t-elle ! Mais patatrac quelques jours plus tard, c'est la rechute et elle qui était si satisfaite s'en veut, ses garçons ne comprennent pas, lui en veulent, ne lui font plus confiance, lui font des remarques et elle souffre de cet état de fait.
J.J. qui a fait sa première cure à 22 ans (il a maintenant cinquante an passés) et qui, après plusieurs cures, pense qu'il n'aura pas besoin d'en faire de nouvelle parce qu'il a réussi à aller au fond de son problème par une psychothérapie, mais Bridget est allergique aux psychologues et aux psychiatres, aux médicaments, elle nous en veut, peut-être, d'avoir réussi à stopper l'alcool alors qu'elle s'en sent pas capable. Le seul lieu où elle peut parler c'est avec nous. C'est sympathique de sa part mais nous lui faisons bien comprendre que nous ne sommes pas des thérapeutes et que même si nous sommes un groupe, ce n'est pas une thérapie de groupe que nous faisons puisque nous n'avons pas de psychologue en tant que tel dans notre groupe.
J.J. lui explique qu'il faut d'abord qu'elle ait un désir intense de s'arrêter de boire et que la rechute n'est pas une catastrophe mais une étape vers la guérison.
Nous lui rappelons que les psychotropes qu'elle a pris au début de son sevrage, n'étaient pas prescrits pour s'arrêter de boire, mais pour soigner la dépression qui pointait en elle. L'alcool, que nous croyons être un euphorisant est un fait un dépresseur et ensuite on trouve toutes les excuses pour boire, alors cela devient le cercle infernal, nous pensons qu'il faut boire pour aller mieux mais la boisson nous plonge dans la détresse. Après une rechute tous les membres présents sont d'accord pour dire que la rechute est très rapide, quelques jours seulement.
Si on veut faire une cure on se prépare pour arriver motivé au centre de cure car il faut se bagarrer pour réussir.
Gérard en connaît le processus puisqu'il a fait deux cures en peu de temps, la première était mal préparée, il y allait pour se réconcilier avec les autres et non pour lui-même, mais il a compris à sa rechute que s'il ne le faisait pas pour lui-même ce serait un nouvel échec. Depuis deux ans, il est clean, heureux sans alcool et en plus en retraite. Que du bonheur.
Bridget se demande s'il n'y a pas des niveaux dans l'alcoolisme et qu'elle serait au niveau bas donc sans faire de cure pour s'arrêter. Claude lui explique qu'on est alcoolo-dépendant ou on ne l'est pas. Si la dépendance est présente, il y a peu de chance de s'en sortir sans une psychothérapie.
Martine a beaucoup de mal a s'imaginer qu'elle ne pourra jamais plus boire d'alcool, elle ne boit plus depuis quelques semaines, quand, quelques mois se seront passés sans alcool, elle se demandera comment cela se faisait qu'elle n'ait pas arrêtée depuis longtemps puisque c'est si facile de ne pas boire.
Claude bis nous dit qu'il a perdu un boulot où il gagnait très bien sa vie, sans faire d'efforts, deux clients le matin un l'après midi et le reste du temps à boire.
Gérard et Papy tremblaient au réveil mais ce n'est pas ce qui les a incités à faire une cure. Papy nous reparle de Gastro - Entero - ALCOOLO où il a compris qu'il était malade, mais après son sevrage il a été suivi par le CCAA de l'hôpital et continue à les voir tous les trois ou six mois.
Il répond à Bridget sur les enfants avec qui il n'a jamais pu communiquer sur son alcoolisme, il a fallu qu'ils aient 35 ans pour qu'enfin ils puissent parler ensemble. Les enfants s'étaient aperçu de sa tendance à trop boire et quand ils passaient sur l'autoroute, ils évitaient de sortir de l'autoroute à Nice Nord pour venir lui dire bonjour malgré la demande de ses petits enfants. Maintenant il héberge ses petits enfants qui font leurs études à Nice et plutôt que d'être pensionnaires ils sont heureux chez leur papy.
Bridget demande à Papy si ses enfants lui ont pardonné son désintérêt pour eux, du en grande partie à la position de son épouse. Non seulement ils ont pardonné mais il est très proches de ses enfants et petits enfants. Ses quarante ans d'alcoolisation sont totalement oubliés. Mais comme le dit papy, il avait besoin d'alcool dès le matin et cela pour pouvoir vivre, il ne voyait donc pas ses enfants vivre et grandir. C'est après son arrêt de l'alcool qu'il s'est aperçu que finalement, il ne les connaissait pas.
Martine nous demande des nouvelles de Sofia dont nous n'avons plus de nouvelles, nous n'arrivons pas à joindre sa sœur Rachel au téléphone. Nous sommes assez pessimistes, car elle est retournée chez son ami et sa belle famille n'accepte pas trop son alcoolisme et sont prêt à l'enfoncer s'il le faut. Il est certain qu'elle était euphorique de s'être arrêtée toute seule avec le soutien de sa sœur, mais l'euphorie n'est pas la guérison et à la moindre contrariété, l'on retourne vers son médicament qui nous a fait tant de bien. (En principe Sofia sera là mercredi prochain).
Martine nous dit aussi que l'arrêt de l'alcool ne se fait pas sur un coup de tête, elle était violente dans son comportement et dans ses paroles. Maintenant depuis l'arrêt de l'alcool elle se sent nettement mieux et sa violence a disparue. Elle pense que la violence verbale est encore plus dévastatrice que la violence physique.
Cédrick est persuadé qu'il faut faire une cure pour se sortir de l'alcool car il faut éloigner les contacts qui, même affectifs, nous étaient néfastes. Pour lui, il a même changé de région, de la région Parisienne il est venu dans le midi, il a mis deux mois avant d'entrer en cure en téléphonant tous les vendredis au centre de désintoxication pour prouver son désir profond de s'en sortir. Il a passé les fêtes de Noël et nouvel an au centre, mais il ne s'en plaint pas puisqu'il était dans la démarche de soin et que son désir était plus important que les fêtes de fin d'année.
En sortant de cure, il faut changer, dit-il. Il ne faut surtout pas garder ses habitudes d'antan, quand tu sors, tu es obligé de faire le tri de tes amis, s'il y a des sangsues qui s'accrochent à toi il faut t'en débarrasser. Il ne faut garder comme Ami que les plus forts et ceux qui peuvent t'aider.
Après les soins on est déstabilisé et plutôt faible, on est très vulnérable, et on se retrouve dans un monde hyper agressif alors que la cure nous a plutôt habitué à vivre dans une certaine sérénité pas en rapport au monde extérieur. A nous de changer, pour nous retrouver zen dans ce monde de brutes.
Gilles nous parle un peu de sa rechute et de sa tentative pour revenir vers l'abstinence. Dès son retour à Nice il a recommencé à revoir ses anciens compagnons de boisson, et il ne voulait plus entendre ceux qui pouvaient encore lui faire du bien. Depuis une semaine, il se retrouve dans un CSST (ou CSAPA ou centre de soins et de suivi en toxicomanie), il y rencontre médecins, psychologues, psychiatre, il doit faire un sevrage de huit jours et sera suivi. Nous pensons qu'après six mois d'abstinence, une rechute au fond du tonneau de deux mois, un sevrage devrait lui suffire mais, l'alcoolisme est une maladie si complexe que nous ne sommes pas au bout de nos surprises.
Puis revient sur le tapis la psychothérapie que nous jugeons indispensable pour arriver à juguler toutes nos souffrances qui nous ont fait boire. Bridget nous dit qu'elle sait les souffrances qui l'ont amenées à son alcoolisation (de toute façon elle gère, nous dit-elle).
Dans une thérapie de groupe, nous retrouvons une partie de nous même dans les attitudes de chacun, ce qui nous fait avancer. Le psychologue n'est pas là pour diriger, mais pour canaliser le débat et parfois il intervient sur un mot, ou une phrase de quelqu'un pour le faire réfléchir plus profondément. Il permet d'ouvrir des portes que nous avons refusées d'ouvrir pendant des années et où se trouve souvent l'origine de notre mal être donc de notre alcoolisation. Une fois que cette souffrance est détectée, elle ne disparaît pas, bien entendu, mais elle prend juste une autre dimension et nous pouvons vivre avec elle sans être obligé de l'anesthésier afin de vivre heureux sans alcool.

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7 juin 2008 6 07 /06 /juin /2008 14:23

Sujet  Thèmes du jour :
Comment vivez vous maintenent
 par rapport au temps de votre dépendance...???

Heureux
comme un poisson dans l’eau
ou
un scaphandrier sans air ?

Compte rendu :
Nous saluons d'abord la présence d'Héloïse, élève psycho, qui vient dans notre groupe pour la première fois car elle s'intéresse actuellement à l'alcoolisme qui pourrait être un sujet pour sa thèse à la fin de sa maîtrise.
Nous faisons une rapide présentation des personnes présentes afin qu'elle puisse se faire une idée du public que nous accueillons et qui assiste à ces réunions.
Claude explique, un peu longuement son parcours où petit à petit l'emprise de l'alcool est devenu de plus en plus prenant, tant dans sa vie privée que professionnelle. Son alcoolisation a été jouissive dès ses premiers contacts mais rapidement il est devenu une nécessité. Les groupes côtoyés étaient toujours ceux où l'alcool coulait à flot, dégradation rapide de la relation familiale qui se termine par un divorce, dégradation au travail où son patron lui laisse le choix implicite : l'alcool ou la porte. Il choisi, pour ne pas être licencié, de changer de patron, pour l'alcool il n'était pas question d'arrêter. Changement de lieu (Martigues au lieu de Paris, changement de travail, changement de compagne, changement d'amis !! tout aurait dû contribuer à l'arrêt de l'alcool mais la souffrance il l'a emporté avec lui. Huit ans de galère encore.
A l'arrêt de l'alcool, la première réaction fut la peur de la rechute alors il s'est enfermé chez lui pour faire cette fameuse maquette que tous les adhérents connaissent dans leur pensée, puis renaissance : sport, aide sociale, aide des autres à travers l'associatif, résurrection Claude est devenu un autre homme, peut être moins rigolard mais plus sympa pour les autres. Il a pu reprendre des responsabilités en plus des responsabilités au travail.
A Paris Cedrick vivait mal dans l'alcool, il fuyait les réalités, il a cherché pour se soigner mais n'a pas trouvé de structures adéquates pour l'aider, il fuit donc sa famille pour pouvoir prendre SA décision, celle qui lui appartient, le plus dur pour lui n'a pas été d'arrêter mais surtout de ne pas reprendre, A Paris il n'a pas pu interpréter leur aide. A Nice par contre sa rencontre avec le CCAA lui a permit de construire un projet avec une cure à Cabris en fin de parcours au bout de deux mois et demi.
Maintenant il vit bien, il s'est reconstruit, retravaille, a trouvé une compagne mais par rapport à son alcoolisation il lui manque ce point de gaieté qu'il déployait sous emprise alcoolique. Il admet que c'est une renaissance, il s'est reconstruit mais il a un manque de confiance en lui et il est toujours à la recherche d'une réponse. L'après alcool n'est pas idyllique, ce n'est pas parfait. Il s'y résigne mais en vouloir plus est un objectif normal de tout être humain.
Pierre trouve que c'est logique, dans l'alcool on veut toujours plus d'alcool à l'arrêt on veut toujours plus comme on le faisait dans l'alcool mais pour d'autres raisons.
Jean pense que quand on sort de l'alcool, on tombe dans la nouveauté, car dans l'alcool on est irresponsable car l'alcool masque la réalité, après la curiosité intellectuelle prend le dessus par rapport à la représentation de la réalité sous emprise alcoolique.
Gilles s'est souvent pris pour un déchet pendant son alcoolisation, tu te rends compte que tu fais mal mais tu ne peux faire autrement, tu sais que tu fais mal aux autres, parents, amis, enfants. Après mon accident, je me retrouve à Gorbio, loin de tout alcool, je suis hors alcool mais pas heureux. Depuis très longtemps j'avais en main tous les éléments pour me soigner mais je pensais que je pourrais le faire seul et maintenant c'est un bon résultat, après la rechute (parce que je me suis retrouvé avec de l'argent, j'ai rechuté).
Il avait passé des séjours plus ou moins long dans des établissements psychiatriques qui ne lui ont rien apporté quoiqu'après St Luc il soit resté 2 ans et ½ abstinent et ne comprend pas pourquoi. St François, hôpital psy, après St Christophe il est quand même resté 3 heures abstinent, un exploit dit-il.
La thérapie de groupe au CALME est vraiment le moyen qui lui a permit de se retrouver, il se trouve dans une dynamique positive, se reconstruit en faisant des tas de projets : peinture, musique, informatique, il espère pouvoir retravailler quelques heures pour améliorer l'ordinaire et pouvoir reprendre son indépendance. Jean Jacques l'avait travaillé en douceur au corps pour qu'il fasse quelque chose pour s'en sortir, il pensait qu'il faudrait qu'il ait un pépin pour prendre conscience. Son hospitalisation à Gorbio à fait le reste. Il a suivi ses conseils et maintenant en est très heureux. Il a mis le temps mais, il lui fallait ce temps pour que la cure soit une réussite.
James a été abstinent pendant 3 ans ½ après sa première cure à Illiers Combray, là ils vous réapprennent à vivre en égoïste, il avait réussi à se reconstruire. Un moment de faiblesse, dit-il, et c'est la déception, la reprise des verres, le divorce, la prison... Pour l'instant les projets sont faibles car il est encore dans l'alcool, il espère refaire du sport car il était de niveau élevé. « Je me suis auto mutilé avec l'alcool alors à moi de choisir. J'en ai marre d'en avoir marre, j'ai envie de renaître, trouver un appartement. Mais chaque chose en son temps », il aime dessiner et veut reprendre le dessein (encore un artiste à SANSAS). L'essentiel en ce moment c'est la bouteille, il faut qu'il en fasse son deuil. IL se sent seul à Nice mais toute sa famille lui a tourné le dos et habite dans les environs. Son but retrouver du lien.
A.M. Elle part en cure d'ici 5 jours et nous parle de son mal-être.
Tout ce que fait François est bien
Tout ce que je fais est mal
Il n'a que des qualités, moi je n'ai que des défauts. Elle n'a pas peur de lui, mais il est violent et finalement il sait qu'elle le craint. Ses réactions sont violentes. Il a été trop longtemps seul, il n'a pas eu l'habitude depuis longtemps de vivre avec quelqu'un, elle nous raconte ses relations avec humour : à la cuisine avec un saladier, dans la chambre avec la rainure du drap qui doit être comme ça et non comme ci. Elle va écrire les dix commandements de la salle de bain : gant de toilette ici, serviette pliée en quatre le revers par ici, la brosse à dent dans ce sens et le verre à dent dans l'autre .... Quel humour. Pour la première fois elle parle devant lui en notre présence pour lui montrer ce qu'elle est, quelques minutes plus tard il quitte la salle sans mot dire.
Pierre ne s'est pas rendu compte de son basculement, toujours chaud, il croyait vivre la vie ordinaire. 28 ans d'un Amour merveilleux, elle a fait la relation entre l'alcool et lui mais il n'a pas vu ses enfants grandir, je vivais dans un monde à part avec mes 4 à 5 litres de vin par jour. C'était de l'inconscience, vis à vis des copains j'étais bien avec eux. Je me suis leurré, je me suis satisfait d'une vie familiale que, finalement, je croyais intéressante et je cherchais des excuses pour boire. Mes petits enfants, je les découvre maintenant parce que mes enfants ne voulaient pas qu'ils me voient dans l'état où j'étais. Je ne les connaissais pas trop obnubilé par la bouteille.
Après l'arrêt de l'alcool, les copains de bar m'ont appelé « coca light » mais c'était plutôt flatteur pour moi alors que pour eux c'était plutôt méchant, je m'y suis habitué et eux aussi.
J'ai repris le dessin, je m'amuse à croquer, je refais de la peinture. Ma vie a complètement été chamboulée pour le bien être de tous, moi d'abord, les enfants et les petits enfants.
J.J. nous ré explique toute sa période de 20 ans (première cure) à 50 ans (dernière cure), il a vivoté sans s'effondrer parce qu'il a fait plusieurs cures avec quelques arrêts de l'alcool durant quelques mois voire quelques années, il a essayé de maîtriser son alcoolisation avec l'Espéral pendant des années, il a perdu plusieurs femmes qu'il adorait mais qui ne pouvaient le comprendre et le supporter enfin quand il a compris après une psychothérapie de groupe d'où venait son mal être, sa tête s'est remise en place, il travaille plus qu'avant mais au moins il sait pourquoi et sa vie a été complètement chamboulée : un appartement est quand même mieux qu'une barquasse dans la baie de Villefranche avec Gilles comme voisin qui pouvait tomber à la baille à chaque embarquement. La vie est belle à être vécue maintenant.

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