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25 avril 2009 6 25 /04 /avril /2009 15:10

Sujet  Thèmes du jour :

"Comment passe-t-on de l’abus à la dépendance?"

Compte rendu
Aujourd'hui Louis nous revient d'un séjour à Val Pyrène (à côté de Font Romeu) où il a passé 6 semaines en post cure. Nous sommes tous intéressés de savoir comment se passe le séjour.

Il y a 60 patients (hommes et femmes), leur moyenne d'âge est de l'ordre de 38 à 45 ans. Il n'y a pas de psychotrope distribué dans l'établissement. Il y a obligation à l'abstinence totale d'alcool, avec des contrôles inopinés de jour comme de nuit avec éthylotest. Ils contrôlent également la prise de cannabis par des analyses d'urine.

Louis nous rapporte que les soignants leur disent que, pour guérir il faut deux ou trois ans, Louis pense qu'après cette période il pourra reboire de temps en temps un verre sans redevenir dépendant. Nous l'en dissuadons et lui expliquons pourquoi il ne pourra pas reboire d'alcool. Nous pensons que l'interprétation des patients est toujours difficile sur les explications des soignants, le terme de « guérison » étant souvent mal interprété par les patients qui sont encore sous le coup de désir d'alcool dans leur tête. Cela les arrange de croire qu'ils pourraient reboire d'ici quelques années.

La terme « guérison » veut dire que, en deux ou trois ans, le malade alcoolique aura cassé la bouteille dans sa tête, qu'il devient solide et pourra être serein devant les produits alcool.

Abdel se trouve abstinent maintenant et c'est parce qu'il s'est cassé une côte lors de sa dernière rechute.

J.J. explique à Louis qu'il faut qu'il accepte son abstinence et que dans deux ou trois ans il ne pensera plus à un désir d'alcool.

Louis nous explique les activités à Val Pyrène. Il y a beaucoup d'activités physiques : randonnées, escalade, gymnastique, musculation, volley ball, piscine, marche en raquette et des randos avec pique nique toute la journée. Le ski a été arrêté parce qu'il y avait trop d'accident avec fracture, traumatismes divers. Il a été pratiqué un Electro cardiogramme d'effort ainsi qu'un contrôle pulmonaire avant de faire ces activités.

Il y a également de la psychothérapie de groupe ou individuelle, de la relaxation, du yoga.

Les chambres sont soit à deux soit individuelles mais il faut payer un supplément pour la chambre individuelle.

Les sorties sont autorisées, après contrôle et signalement à l'accueil en précisant heure de départ et heure de retour. Les contrôles ensuite sont fréquents.

Les soignants conseillent, à la fin du séjour, de rencontrer les mouvements d'anciens buveurs à la sortie de post cure.

Puis nous en venons au thème du jour.

Cédrick nous dit qu'au commencement il buvait qu'occasionnellement, très vite il est passé à l'abus dès sa consommation journalière, mais il ne voit pas comment il est passé à la dépendance, mais quand il s'est aperçu qu'il était dépendant il a fuit les Yvelines et est venu à Nice pour se soigner. Sa décision était prise dès son départ de la région parisienne.

J.J. n'a jamais eu d'alcoolisation modérée, dès le début et très jeune il est devenu dépendant, il buvait alors 2 litres de vin, et une quinzaine de bières, sans compter les extras. Il s'est rendu compte tout de suite qu'il était mal, il n'y a pas eu abus suivi de dépendance, mais dépendance immédiate.

Après une cure et sa première rechute, il s'est aperçu qu'il ne pouvait pas maîtriser sa prise d'alcool car il avait dit des dizaines de fois « non » et un jour ça a été plus fort que lui, il a dit « oui ».

Il a pris l'Espéral pendant des années pour s'empêcher de boire. Il pense que c'est ce qui lui permet de pouvoir vivre maintenant.

Papy à dix sept ans il avait déjà acheté une bouteille de Porto et se l'était vidé vite fait.

Abdel, quand il était au Maroc avec ses parents, a vendu le marteau de son père afin de s'acheter de la bière. Il avait alors 14 ans.

J.J. à vingt ans, il buvait déjà avec excès, malgré les conséquences qu'il connaissait, il buvait, buvait encore et toujours, il n'y avait que lui qui décidait.

Papy a commencé à 17 ans à boire, il buvait de l'alcool fort dès 20 ans : cognac, whiskies, Pastis etc..

J.J. nous dit que dès le début il buvait très rapidement, il buvait trois bières pendant que ses copains en buvait une.

Jean demande s'il y a des études faites pour savoir quelle quantité et pendant combien de temps il faut boire pour devenir dépendant ?

La réponse unanime est de dire qu'il n'y a pas de quantité, ni de temps pour devenir dépendant, cela dépend des personnes, de leur sensibilité à l'alcool. La rencontre entre un individu et l'alcool, à un moment donné.

Louis a appris à boire à l'armée, pour les fêtes. Cela faisait partie de sa vie. Il y avait des moments où il buvait et pouvait bien se tenir d'autres moins mais en général ça allait. Ayant beaucoup voyagé à l'étranger, il buvait pas mal en fonction de l'ambiance générale. Il ne se sentait pas malade. Sa consommation faisait partie de sa vie. Sur les bateaux on boit beaucoup parce qu'il n'y a que cela à faire, il faisait comme tout le monde et buvait comme tout le monde. Il n'y a que depuis quelques années en arrière qu'il s'est mis à boire le matin, c'est parce qu'il était devenu dépendant, mais il ne la savait pas.

Abdel s'est mis à trembler le matin et il fallait qu'il boive pour atténuer et arrêter ces tremblements.

Claudebis buvait doucement la journée et c'est en arrivant à Annecy qu'il a augmenté sa consommation. Mais déjà en Normandie il s'était aperçu que les tournevis tenaient mal dans sa main et qu'avec un calva ou deux ce comportement disparaissait.

En arrivant à la Turbie, il a repris sa consommation qu'il avait en Normandie et il nous raconte comment il faisait pour se procurer à Monaco un litre de Rhum, 50°, 50 francs (c'était des francs à l'époque).

C'est quand il a été victime d'une crise de polynévrite qu'il a compris qu'il fallait qu'il fasse quelque chose pour s'arrêter, il a alors pris contact avec le centre de cure de St Christophe à Nice afin de se soigner.

Catherine, à 35 ans, s'est retrouvé dépendante dès qu'elle à commencé à boire. Elle s'est   rendu compte de sa dépendance quand elle est allée en cure aux Bruyères, contrainte et forcée et cela n'a pas réussi. C'est en cure ambulatoire qu'elle a réussi à s'en sortir, mais cela a duré dix huit mois en hôpital de jour.

Elle s'enfermait dans sa chambre pour consommer parce qu'elle culpabilisait beaucoup.

J.J. a pris l'Espéral suite à sa première cure à vingt trois ans, il est resté abstinent totalement pendant cinq ans, il n'était donc pas dépendant à ce moment là mais, à 27 ans, il s'est rendu compte qu'il était dépendant parce que ayant arrêté l'Espéral, il a rechuté immédiatement, mais a-t-il arrêté l'Espéral pour reboire ? Pendant cette période de 5 ans il était devenu dépendant de l'Espéral. Et chaque fois qu'il a du s'arrêter il a repris de l'Espéral, mais bien lui en a pris parce que, il pense que, tel que s'était parti, il ne serait plus en vie aujourd'hui et serait probablement mort d'une cirrhose depuis plusieurs années.

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