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6 mars 2008 4 06 /03 /mars /2008 16:38

 

Sujet  Thèmes du jour :
"Pourquoi avec la connaissance & la conscience du DANGER
continue t'on à consommer ???"

Compte rendu :
Nous sommes quinze ce soir et commençons une réunion par l’état de chacun.
Rechute de Gilles. Cela fait six mois qu’il avait arrêté de boire, mais pour un mal cela va peut-être débouché sur un mieux. Il souhaite  partir en cure, l’ambulatoire ne l’ayant pas satisfait. L’avantage de l’association est que tout se met en place rapidement : le dossier est prêt à être rempli, les explications du chemin à parcourir est tracé, mais c’est à lui à faire les démarches : téléphone au centre de cure, visite chez son généraliste, aller à la secu pour faire accepter rapidement la prise en charge. Sa rechute n’était pas programmée, mais nous la sentions venir, excuses habituelles, : ma fille, mon père, mon fric….mais il oublie sa souffrance
Partant sur la rechute Abdel nous remet son leitmotiv, pourquoi je rechute ? quand je me réveille le matin j’ai mal au ventre et une bière calme la douleur, quand je vais chez Leclerc je me trouve toujours dans le rayon des bières et du pastis, autrement tout va bien mais j’ai dit à ma mère que je ne dirais rien à l’association mais quand même pour parler à mes parents je suis obligé de boire… ; Le matin je ne suis pas bien mais je ne sais pas pourquoi je tiens pour le carême et que je n’arrive pas en dehors.
Brigitte après trois semaines d’arrêt a eu une première expérience de confrontation avec l’alcool : Samedi sortie avec son mari à un anniversaire, tout s’est bien passé jusqu’à la coupe de champagne, elle était prête à y tremper juste ses lèvres, avec beaucoup de délicatesse son mari l’a aidé à ne pas tremper ces foutus lèvres dans ce breuvage. Elle est fière d’elle parce qu’elle a passé une soirée fort agréable et quand tout le monde était bien parti dans les vapeurs alcoolisées elle était encore fraîche comme une rose. Son mari était au moins aussi fier qu’elle, ce qui n’est pas peu dire. Comme dit Brigitte on oublie vite la difficulté et le mal être et c’est là qu’il faut résister. Le plus dure a passer a été le vendredi car probablement inconsciemment elle pensait au lendemain.

Puis nous en sommes venus au thème du jour, des témoignages extras, plein de sensibilités, de vécu. Tous ont parlé.
Pourquoi je ne peux arrêter, dit Abdel, parce que le corps a besoin d’alcool pour bien vivre, c’est comme une voiture s’il n’y a pas de pétrole la bagnole jeune ou vieille ne fonctionne pas. Il a demandé à sa mère de ne plus lui parler de son alcoolisation, elle lui a répondu que si tel était son désir elle le ferait, aujourd’hui il nous a dit qu’il avait des embêtements avec sa famille et que s’il vient à l’association c’est pour être sûr de ne pas boire pendant 4 heures d’affilées (pas toujours le cas). Plus il est mal plus il boit et plus il boit plus il est mal. Malheureusement il est le seul à pouvoir s’en sortir, a trouver la motivation. Inch Allah comme il dit.
Brigitte a eu une enfance très difficile, elle ne veut pas assumer son passé, c’est maintenant qu’elle veut aller mieux : le corps m’empêchait de boire , je culpabilisais, j’essayais d’arrêter. Le soir je m’endormais comme une souche (le mari en est témoin) mais dans la nuit elle se réveillait en transpiration, avec un réel malaise, mais le matin il fallait rallumer la chaudière,
Durant sa période (plus longue qu’elle ne le dit) elle ne se sentait pas d’arrêter sa consommation car elle se trouvait dans la journée en état de manque. C’est Brigitte qui a décidé de s’arrêter car ce n’était plus son corps qui réclamait son rosé mais sa tête
La souffrance de Claude bis était réelle, un an en psychiatrie, Blétran, le Mont Blanc, il n’a pas entendu qu’il était malade. Ses amis de la Turbie lui avait laissé la cave à disposition (tout sauf le vin rouge & le calvados)(du blanc il n’y en a plus depuis qu’il s’est soigné). Son histoire n’est pas banale, ses amis de la Turbie faisant soigner leur chien ont parlé au vétérinaire des soucis de Claude. Il leur a donné une lettre qu’il devrait utiliser le jour de son choix pour aller se faire soigner à la cure de Nice. Un matin il n’a pas pu enfourcher son vélo pour aller chercher sa bouteille de rhum, il a donc décidé d’aller se soigner. Mais il n’est pas capable de dire qu’il s’est fait soigner pour pouvoir remonter sur son vélo pour aller chercher son poison ou s’il en avait marre de continuer à s’alcooliser. En cure le médecin lui a dit vous êtes MALADE, c’est probablement ce qu’il avait envie d’entendre. Depuis il aboie. L’association a été le lien indispensable entre la cure et la vraie vie. Il n’est pas informaticien mais c’est quand même notre webmaster.
Cédrick se savait malade, mais pour fuir son entourage il a quitté son entourage familial pour venir à Nice dans l’intention de se soigner, mais c’est en cure qu’il a acquis cette notion de MALADIE qui lui a permit de mettre des mots sur ses maux. Mais pendant quelques temps il a associé je suis malade donc taré, les explications de la maladie lui ont ouvert les yeux . Avant j’essayais de m’arrêter mais je ne pouvais pas par « manque de volonté », chaque fois que je m’arrêtais, j’allais mal et chaque fois je rebuvais.
La motivation est nécessaire pour faire la démarche d’arrêt.
François (21 ans), foutait sa vie en l’air, sa première motivation a été la menace de sa compagne de partir, il était violent : le mobilier en miette chez lui, table, télévision, fauteuils. Il ne faisait plus rien, était ivre du matin au soir, « je perdais tout ». Puis la décision, recherche sur Internet début novembre, puis il est venu à l’association, il a décidé de s ‘arrêter de boire. SA VIE a complètement changé (sa fiancée l’a pisté pour savoir s’il venait nous voir), maintenant elle est heureuse, il ne boit plus, ne casse plus rien, a repris ses études s’est remis à travailler . Brigitte explique que lui a trouvé le négatif de sa consommation d’alcool alors qu’elle ne voyait (dit-elle) que le plaisir sauf depuis trois ans. Nous en saurons plus dans les prochains épisodes. Elle dit encore que ce négatif crève les yeux et que nous sommes incapables de le voir.
Papy moustache (70 ans) s’alcoolisait peu : 4 à cinq bouteilles de vins de 2 litres en plastique (pas besoin de citer de marque nous avons tous compris) par jours jusqu’au jour où devant passer dans le service de gastro-entérologie à l’archet II il a vu : GASTRO, ENTERO ALCOOLO. Ca a fait Tilt dans sa tête, huit jours de sevrage et depuis cinq ans plus une goutte d’alcool. Il a retrouvé ses enfants et ses petits enfants qui viennent le voir avec plaisir alors qu’ils le fuyaient avec grand déplaisir durant son alcoolisation. Il s’est remis à la peinture et nous fait des aquarelles dignes de Mathis.
Catherine qui s’est mise à boire très tard (vers 35 ans) culpabilisait énormément, ses filles de dix douze ans se sont aperçues de son alcoolisation quand elle est partie s’enfermer dans sa chambre pour consommer. C’est son médecin traitant qui lui a ouvert les yeux en lui disant qu’elle était MALADE, une cure de trente jours et après rechute un suivi en hôpital de jour durant dix huit mois pour enfin trouver d’où venait son mal-être.
Claude Ter, montagnard « invertébré » «était capable de prendre une cuite le soir, partir à six heures le lendemain en montagne, gueule de bois pendant une bonne heure et voila Mars et s’est reparti. Mais le soir il reprenait une cuite pour se remettre de ne pas avoir bu pendant la course. Le déclic est venu quand le médecin généraliste lui a dit « vous êtes MALADE », il faut vous faire soigner, il s’est soigné en cure et va bien maintenant. Toujours en tête en montagne et en canoë.
Claude après s’être retrouvé en crise de delirium tremens à l’hôpital de Martigues, après les délires, les bestioles affreuses qui sortaient du mur, des rats plein sa chambre, une meute de chat qui lui est passée sur le corps, le médecin s’est penché sur son berceau (oui, c’est une renaissance qu’il a vécu) lui a dit : « Monsieur vous avez un problème avec l’alcool, nous pouvons vous soigner et pour cela il faut prendre un contrat moral de 28 jours avec l’hôpital ». Enfin un médecin disait qu’il était MALADE, qu’il pouvait se soigner et que ce moyen était de rester 28 jours à l’hôpital : cela fait 28 ans et Claude n’a plus retouché une goutte d’alcool. N’a-t-il pas entendu le médecin ou ne lui a t-on rien dit de sa maladie, il penche sur la deuxième solution car il buvait comme tout le monde et pouvait s’arrêter quand il le voudrait ( mais il a jamais vraiment essayé).
Jean Jacques, toujours bon pied bon œil, il dit qu’il doit d’être en vie parce que, même s’il a utilisé l’alcool de manière paroxistique dès son plus jeune age, il a eu beaucoup de périodes sans : suite à cures de désintox. Pendant des années il ne buvait que le samedi et dimanche et en semaine il avait son gendarme : l’Espéral. Ce n’était qu’une question d’éducation, son père ne buvait absolument rien en semaine et il a suivi son exemple. Depuis plus de trois ans il ne touche plus à l’alcool parce qu’après une cure, il a enfin trouvé, par une psychothérapie institutionnelle, la cause de son mal-être. Mais comme tous les participants à cette réunion  c’est la découverte d’être
MALADE
Qui a fait prendre conscience aux membres du groupe qu’ils avaient des chances de s’en sortir.
 
Il faudrait bien que de nombreux généralistes puissent lire ce compte rendu de réunion pour savoir quel grand rôle ils peuvent jouer afin de faire prendre conscience aux malades qu’ils sont réellement  MALADES.
 
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