Sujet Thèmes du jour :
"Le négatif dans l’abstinence à transformer en positif"
Compte rendu
La discussion commence par le libellé du thème, faut-il mettre avant l'abstinence ou dans l'abstinence. Nous gardons le libellé identique quitte à mélanger les deux durant notre discussion.
J.J. Le négatif on ne peut le changer, c'est l'histoire du peintre qui travaille avec lui, il arrive à 10h30, repart manger à 11h30 revient à 14 h 00 et attend avec impatience que J.J. s'en aille pour pouvoir partir et boire à sa guise. Il n'est que dans le négatif.
Babeth : l'alcool lui donnait du punch et maintenant elle ne peut plus faire comme avant, il faut dire que Babeth a arrêté l'alcool seulement depuis 10 jours, elle n'a pas le recul nécessaire
J.J. travaillait dans le bâtiment et il ne faisait que le quart du travail qu'il est capable d'effectuer aujourd'hui.
Gérard pense qu'il est difficile de transformer le négatif en positif parce qu'il ne se rappelle plus les moments négatifs qu'il passait. Il ne se souvenait pas toujours et se le demandait qu'est-ce qu'il avait fait la veille au soir.
Louis avant de partir à Val Pyrène a récupéré son permis de conduire, il lui a fallu repasser le code, une visite médicale à 150 Euros sans remboursement de la SS, il est maintenant fiché et devra se représenter à la police dans un an, le positif de cela c'est qu'il a pu le faire donc du négatif il est passé dans le positif. Tout n'est pas réglé mais chaque chose en son temps. Le positif c'est qu'il sait que maintenant il peut agir même avec l'aide des autres.
Gérard : on devient plus responsable vis-à-vis des autres car alcoolisé on ne se rend compte de rien.
Babeth en buvant elle perd la mémoire, son énergie, elle ne se rappelle plus (comme beaucoup d'entre nous) ce qu'elle a fait la veille. Elle a plusieurs fois été obligée de demander à son mari ce qu'elle avait dit, ce qu'elle avait fait. Il lui a dit il y a quelques temps qu'il avait peur « qu'elle lui claque entre les doigts ». Babeth se « déchire » depuis deux ans, son énergie s'en va, elle sait maintenant qu'elle est malade alcoolique alors qu'elle ne pouvait l'admettre il n'y a pas si longtemps. Elle regrette le temps où elle pouvait boire rien que pour le plaisir. Mais nous savons qu'une fois guérie elle s'amusera autant que quand elle buvait, sinon plus.
Papy fait maintenant des tas de chose qu'il ne pouvait plus faire du temps de son alcoolisation, la semaine dernière, malgré sa polynévrite, il était chez ses enfants qui lui ont proposé de le descendre sur une chaise jusqu'à la rivière, pour son amour propre non seulement il est descendu sur ses jambes mais en plus il leur a fait un pied de nez en remontant par ses propres moyens. Il a pu faire ses croquis en toute tranquillité.
Babeth est anxieuse dans son abstinence, parce qu'alcoolisée elle était au service de tous le monde, maintenant elle a dit à ses enfants qu'il faudrait qu'elles l'aide et ses enfants ont du mal à comprendre « comment ? Maman faisait tout et maintenant il va falloir que nous mettions la main à la pâte ? »
J.J. C'est un souci vis-à-vis des autres que de devenir abstinent, l'abstinence nous fait sortir de la société, mais avec les années ça change.
Claude ter : chacun a une façon de voir son abstinence, pour lui il n'a pas senti de côté négatif.
Cédrick lui répond que lui change mais toi, tu es obligé d'assumer. Si tu assumes difficilement, la personne en face va s'en apercevoir.
Claude lui répond qu'il a eu des moments difficiles avec ses filles, il a eu envie de reboire, mais il a transformé ce moment négatif en allant manger une bonne douzaine d'huitre au café de Turin, place Garibaldi. Il a remplacé la boisson par la bouffe .
J.J. En arrêtant de boire, tu te trouves différent, après c'est simple, il faut savoir éliminer les personnes qui ne peuvent arriver à te comprendre.
Cédrick : au début de l'abstinence, en se retrouvant en groupe, il te semble être remarqué, c'est difficile à vivre.
Babeth a mis les points sur les i en arrêtant. « Tu veux une fritée, la cuisine est là », pendant 38 ans c'est elle qui supportait tout sur ses épaules, maintenant, elle veut déléguer. Quand elle s'est arrêtée elle leur a dit « c'est votre faute si je bois » et du moment qu'elle fait l'effort de s'arrêter elle voudrait bien qu'ils participent à son désir d'abstinence car elle ne se sent pas l'énergie de s'arrêter toute seule, elle a besoin d'épaules secourables comme ELLE a toujours fonctionné, maintenant aux autres à faire aussi l'effort. L'alcoolisme d'un des membres de la famille est l'affaire de toute la famille.
Cédrick nous fait passer un papier qui résume beaucoup de nos pensées
Je ne veux plus BOIRE
Parce que
Je ne veux plus OBEIR
Babeth : maintenant quand j'ai du temps de libre je vais me promener, c'est dur pour ma famille parce qu'ils n'avaient pas l'habitude de cette attitude.
Claude ter raconte une histoire de son passage au Calme. Durant la semaine de sevrage, une jeune femme qui était là pour se soigner, avait pris l'habitude de faire du repassage et tous étaient heureux que leurs fringues soient bien repassées. Quelques jours plus tard, le psychologue lui a fait comprendre qu'elle devait s'occuper d'avantage d'elle que des autres. Il faut réapprendre à dire NON. (Ce sera l'objet de deux débats durant ce mois « être égoïste, et apprendre à dire NON »)
Babeth a vu le psy, au départ elle ne savait pas quoi dire et finalement, elle a réussi à vider un peu son sac, mais il y en a encore beaucoup à vider. Mais ça viendra.
Martine n'a jamais appris à dire non et elle ne sait toujours pas, car elle pensait pouvoir être aimée pour cela.
Babeth nous dit aussi qu'elle supportait tout dans la famille pour se sentir Aimée, maintenant il va falloir qu'elle apprenne à s'aimer toute seule.
Cedrick nous dit que son psycho lui a dit de prendre le risque de faire déplaisir à une Femme en sachant dire non pour en être encore plus aimé.
Martine, il faut savoir rendre service et aimer et être aimée, mais pour cela c'est difficile de dire NON. Elle répète qu'elle ne sait pas dire non. Il ne faut pas dire non par rapport aux autres mais le dire par rapport à toi.
Il faut que tes services soient appréciés et non que ce soit une obligation pour toi.
Babeth on oublie trop souvent de penser à nous avant de penser aux autres. C'est plus pour être aimée qu'elle ne pouvait pas dire NON. Elle a toujours tout fait, maintenant c'est difficile de faire marche arrière et dire non parce qu'elle culpabilise.
Cédrick 31 arrive, il nous dit qu'il va bien mais parle peu, peut-être que l'arrêt de l'alcool depuis lundi est difficile et qu'il est en période de manque, il a vu le médecin et la reverra régulièrement dans les premiers temps.
Babeth se sent agressive maintenant, mais elle est sûre qu'elle ne changera pas son comportement dans l'arrêt car elle ne veut plus entendre les geignements des uns et des autres sur son épaule secourable. Elle veut penser à elle.
Madeleine, le médecin lui a proposé l'Espéral, mais les souvenirs de son père alcoolique l'empêchent de passer par cette thérapie. Pour elle, être abstinent, est une punition. J.J. qui a été sous Espéral pendant des dizaines d'années lui explique les bienfaits et les méfaits de l'Espéral afin qu'elle soit bien au courant de son utilisation. Il lui explique que s'il vit encore c'est bien à cause de l'Espéral car il lui a permis de faire des pauses salutaires durant ses 30 ans d'alcoolisation.
Babeth nous dit que l'alcool était un plaisir pour elle. Maintenant elle arrête là son parcours avec l'alcool parce qu'elle veut vivre normalement. Elle a bu pendant des années avec modération, depuis deux ans c'était sans modération, maintenant elle va s'arrêter car elle veut tout simplement VIVRE.
Claudebis se demande si elle n'a pas une jumelle parce que son discours a complètement changé depuis dix jours, ce n'est plus la Babeth que nous avons connu pendant un an : excitée, hargneuse, déblatérant parfois en sachant qu'elle risquait de dire des bêtises. Maintenant elle est plus calme, plus posée, avec des jugements sains, nous l'aimons bien notre Babeth.